Erwin TRUM

Erwin TRUM

Texte et photographies (sauf mention contraire) : Michel Marchand

Je remercie Mr Lionel Trum qui a bien voulu m’autoriser à utiliser des photographies des œuvres de son père à l’occasion de l’exposition rétrospective organisée au château de Courcelles à Montigny les Metz du 19 décembre 2015 au  21 février 2016. Il est l’auteur d’un site internet très complet sur la personnalité et l’œuvre d’Erwin Trum : http://erwin-trum.com.

Erwin Trum nait à Munich en 1928. Abandonné à la naissance, il grandit dans un orphelinat puis sous la tutelle d’un père adoptif, militaire puis douanier en Bohème, hostile aux nazis mais avec lequel il a peu d’affinités et qui le place en pension. A la fin de la guerre, il se retrouve à Ratisbonne  avec sa mère qu’il quitte bientôt. De 1945 à 1947, il vit comme de nombreux jeunes, orphelins ou séparés de leurs parents, dans les ruines des villes allemandes où ils se livrent à de petits trafics. En 1947, il s’engage à 19 ans dans la Légion étrangère au service de la France et est aussitôt envoyé en Indochine. Il échappe à la mort lors de la sanglante retraite de Cao Bang  en 1950 et à la fin de son engagement de 5 ans rentre en France. Ne parvenant pas à trouver un emploi stable, il se prépare à retourner en Allemagne lorsqu’une rencontre de hasard dans un train lui permet de trouver un emploi comme barman pour l’armée américaine, casernée à Metz. Il y fonde une famille, s’essaie à la poésie, au dessin et à la peinture. Il commence à exposer ses œuvres. En 1965 il est embauché comme journaliste au Républicain Lorrain où il restera 25 ans. Il abandonne momentanément la peinture pour la poésie, après avoir détruit une grande partie de ses œuvres qui ne le satisfont plus.  C’est en 1975 qu’il revient à la peinture avec un style désormais très personnel, y consacrant ses nuits. La retraite et l’installation en 1990 dans la maison de l’abbesse du couvent des Ursulines de Tarascon qu’il a restaurée  lui offrent une disponibilité et un lieu à la mesure de ses ambitions artistiques. Il noue des liens avec de nombreux artistes, s’essaie à différentes techniques : tapisserie, vitrail, dessin. Il continue à exposer en Lorraine notamment à la galerie Lillebonne de Nancy. Il est décédé en 2001, à l’âge de 73 ans  et est enterré au cimetière de Montparnasse à Paris.

1

Autoportrait  1959  (site erwin-trum.com)

L’exposition de Montigny porte surtout sur la période 1984-1996. La technique utilisée est la tempera, employant comme liant pour les pigments de couleur le blanc d’œuf  ou la caséine au lieu de l’huile qui s’est imposée à partir du XVIe siècle. Utilisée en occident jusqu’à la Renaissance, elle est restée prédominante dans l’art des icônes et a été remise à l’honneur par des artistes américains à partir des années 1930. Elle permet de superposer les couleurs, s’éclaircit  en séchant  et donne un aspect mat.  Le support peut être le bois  la toile ou le papier.

Deux grand thèmes sont présents dans la peinture d’Erwin Trum : les « paysages » abstraits et la figure humaine .Utilisant des couleurs raffinées (en particulier des bleus magnifiques, des jaunes d’or et des rouges clairs), Erwin Trum bâtit des espaces qui  peuvent évoquer un vaste paysage : rivière entourée de montagne  ou une architecture baroque, peuplés de multiples signes colorés entrainés dans des mouvements ascendants ou descendants ou paraissant s’affronter dans des combats furieux.

2

3

Certains tableaux composent des diptyques ou  triptyques de vaste dimension. Peut-on tenter des comparaisons ? Jérôme Bosch vient à l’esprit ou Monsu Desiderio mais l’abstraction rapprocherait plutôt ces tableaux de ceux de certains surréalistes (Yves Tanguy par exemple) ou même de l’action painting américaine. En fait, ils expriment avant tout une vision  d’une profonde originalité dont on peut sans doute rechercher les sources dans une existence difficile marquée à ses débuts par l’histoire tragique du XXe siècle.

4

5

La figure humaine apparait isolée dans des « icones » à la fois somptueuses et tragiques, qu’il a lui-même surnommées « les tronches ». Nimbés comme des saints, ces personnages apparaissent abimés par la vie, faisant ressortir l’ironie de la condition humaine.

6

7

                                                                                   site erwin-trum.com

A Metz où une importante exposition lui avait été consacrée en 2005 dans la galerie de l’Arsenal se trouve en permanence une tapisserie réalisée par Erwin Trum pour le FRAC en 1989, tissée à Aubusson, et placée dans un salon de l’hôtel de Région.

 

Publicité